Dans ce seul en scène haletant campé dans le Bronx des années 60, un enfant de neuf ans témoin d’un meurtre préférera sauver de la prison son voisin Sonny, gangster de son quartier italien. Coincé entre la mafia et le racisme, « vaut-il mieux être craint qu’être aimé ? », se demande le petit Cologio ?
« En 1993, Robert de Niro en a fait un film « Il était une fois le Bronx ». J’étais le premier dans la salle. Je ne savais pas que ce texte incroyable était l’adaptation d’une pièce autobiographique de Chazz Palminteri, un one-man-show de dix-huit personnages dont un gamin de neuf ans. J’étais loin de penser alors qu’un jour je mettrais en scène ce texte magnifique rempli de pureté, d’humour et d’émotion. Et c’est à Francis huster, mon « père » de théâtre, à qui j’ai confié la vie de ce personnage bouleversant. », indique Steve Suissa dans sa note d’intention.

Une rue inquiétante du Bronx des années 60 à New-York
3 heures du matin dans le Bronx. Un homme mûr aux yeux bleu perçants et au costume cravate sombre élégant quoique daté, se prend la tête dans les mains. Ce sont « des milliers de voix dans la tête » qui le tourmentent. Dans ce seul en scène, un seul personnage incarne les 18 héros de sa vie. Le décor est un écran où sont projetées des images, des couleurs modernes qui donnent un aspect rocailleux et à la fois moderne à la rue comme aux souvenirs.
Avec énergie, l’homme raconte sa mère, ses voisins, « le bar de Joe » en bas de chez lui. Son Bronx à lui dont les héros le fascinent. Ce sont les « affranchis ». L’homme est inépuisable sur son enfance dans ce Bronx dangereux comme attirant. Sa nostalgie et ses yeux s’animent en évoquant les histoires de sa rue à l’issue sanglante parfois fatale. Lors d’une partie de « craps entre mafieux chez Joe » (jeu de dés) ou ailleurs, les personnages dont le sang a coulé « se sont juste rencontrés au mauvais moment de leur vie », explique le narrateur incarné avec force et justesse par Francis Huster.

La vie d’un enfant en plein cœur de la mafia italienne dans le Bronx
Après l’avoir sauvé, le petit Cologio se souviendra toute sa vie de Sunnny, le chef de la mafia locale qui l’emmène maintenant partout avec lui, au grand désespoir de ses parents, alarmés. Pire, Sunny le considère même comme son « propre fils ». À 9 ans, Cologio possède plus d’argent de poche que son propre père Lorenzo. Ce chauffeur d’autobus a toujours refusé « de se compromettre ».
Dans « Bronx », on aime cette fascinante histoire, dure, touchante et universelle, qui navigue de la naïveté joyeuse de l’enfance aux mafieux italiens qui « jouent au crabs » avant de s’entretuer sans vergogne. Francis Huster impressionne par la puissance de son interprétation, qui nous transporte efficacement au cœur de ce destin extraordinaire. Son visage très expressif, son corps nerveux et les modularités de sa voix transmettent une palette spectaculaire d’émotions toujours juste, tiraillée entre la violence inouïe du Bronx des années 60 et la candeur la plus pure. Dans ce flash-back, le comédien a comme les 18 personnages dans la peau. « Bronx » est à découvrir jusqu’au 3 Janvier 2020 au théâtre La Scène Libre.
Bande annonce du spectacle : https://www.youtube.com/watch?v=3sN4VtYl3O8
Auteur : Chazz Palminteri
Adaptation : Alexia Perimony
Mise en scène : Steve Suissa, assisté de Stephanie Froeuger
Comédien : Francis Huster
Décor : Jean Haas
Son et musique : Maxime Richelme
Lumières : Jacques Rouveyrollis, assisté de Jessica Duclos
Images : Gad Bensimon
Vidéo : Antoine Manichon
Durée : 1h15
Informations pratiques : Bronx se joue jusqu’au 3 Janvier 2020 à La Scène Libre, 4 boulevard de Strasbourg dans le dixième arrondissement de Paris. Réservations au 01 42 38 97 14 ou billetterie@le-theatrelibre.fr.
Les représentations ont lieu du mardi au samedi 21h, et le dimanche à 17h en septembre. Relâches les 15, 18, 19, 20, 21, 24, 27 et 29 septembre. Pas de représentations en octobre et novembre. Relâches les 4, 7, 10, 12, 14, 17, 18, 19, 24, 25 décembre et le 1er janvier. Dates exceptionnelles le lundi 23 décembre et le dimanche 29 décembre.
Par Aurélie Brunet,